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Il y a un peu plus de cent ans, un officier de l’armée de Napoléon III, le lieutenant-colonel Rothmann, décidait, sa retraite venue, de s’installer à Yerres. Aquarelliste de talent, il s’employa à représenter notre ville telle qu’il la voyait à l’époque. Ce sont ces aquarelles colorées que vous présente la Société d’Histoire d’Yerres :
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Biographie succincte du lieutenant-colonel Rothmann
Par André Bourachot
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Celui qui allait devenir le lieutenant-colonel Rothmann est né le 6 février 1837 à Rennes d’Amélie Sainte Antoinette Le Pord et de son mari Louis Maximilien Rothmann, professeur au collège royal de Rennes, décédé au mois de janvier précédent. Le nouveau-né n’a donc pas connu son père disparu quelques semaines plus tôt. On va lui donner les prénoms de Louis Hyppolite.
Louis Hyppolite va faire ses études à Rennes où continue à résider sa mère au 1, rue impériale. Il entre à l’
École impériale polytechnique le
1er novembre 1856, il a donc 19 ans et en sortira deux ans plus tard à l’automne 1858 dans l’arme du
génie1. Il sort classé
39e sur 112 élèves sensiblement avec le même classement que celui de son rang d’entrée et est accepté dans le génie
3e sur 18. Suit alors une période dite d’application dans l’
École d’application de l’artillerie et du génie de Metz. Le 24 novembre 1860, le général inspecteur de l’école le note :
« Élève très travailleur, dessine d’une manière remarquable. Conduite exemplaire fera un bon officier. » Un seul reproche lui est fait : il
« monte mal à cheval. » Physiquement, il est grand pour l’époque (1,75 m) et de
« bonne constitution quoique
légèrement myope. »
Nommé lieutenant le
1er octobre 1860, sa carrière militaire commence alors vraiment et il rejoint le
3e régiment du génie à Metz le 3 février 1861. Il va y rester environ 18 mois et il embarque à Cherbourg pour le
Mexique le 22 août 1862 au sein de la
13e compagnie du même
régiment2. Débarquant à Brest, il ne reviendra en France que le 19 mars 1866, presque 4 ans plus tard, période pendant laquelle il a été nommé capitaine. Il a également été fait chevalier de la Légion d’honneur le 14 août 1863 pendant la campagne. Après quelques mois de congé à Rennes, il va être muté au camp de
Châlons (aujourd’hui camp de
Mourmelon), détaché du
2e régiment du génie, jusqu’en août 1870.
La guerre franco-allemande de 1870 commence alors à cette date et le capitaine Rothmann va occuper diverses fonctions au sein de l’armée de Paris, pendant le siège, puis au sein de l’armée de Versailles lorsque les troupes de l’armée reconstituée par M. Thiers reprendront Paris tombée aux mains des insurgés de la Commune. Il sera nommé officier de la Légion d‘honneur le 7 février 1871.
Il va alors tenir différents emplois dans le service du génie, service plus particulièrement chargé de la construction et de l’entretien de l’infrastructure militaire, d’abord à Mézières, puis à Givet et Poitiers jusqu’en avril 1878. Il sera nommé chef de bataillon (commandant) le 27 décembre 1877. Il se fera connaître à Poitiers en découvrant au lieu-dit La Pierre-Levée, lors d’un chantier de construction d’un parc à fourrage militaire, un cimetière romain dénommé
« la nécropole des dunes . » Il fera au moins trois publications à cette occasion et une partie des objets trouvés sera transportée à Paris au musée de Cluny.
Vont suivre deux nouvelles mutations, la première au Dépôt des fortifications à Vincennes, puis un retour dans le service, toujours à Vincennes. Au moment de quitter l’armée et le génie il est noté par son supérieur : « M. le commandant Rothmann qui a fait preuve de qualités remarquables comme officier de guerre est aussi un excellent officier de paix. »
Il demande, en effet, sa mise à la retraite et est rayé des contrôles de l’armée active le 9 février 1886 et déclare se retirer à Paris 235 boulevard Voltaire ; il n’avait que trente ans de service actif. Il sera alors en retraite avec une pension annuelle de commandant de 3 525
francs3, la campagne du Mexique lui ayant donné une bonification de 500 francs. Les raisons qui lui ont fait quitter ce service ne nous sont pas connues d’autant plus qu’il a continué à servir dans l’armée territoriale, une sorte de réserve disponible pour une éventuelle mobilisation dans laquelle il sera promu lieutenant-colonel le 12 juin 1886. Il sera définitivement rayé des cadres le 23 janvier 1891. Il décédera à Yerres dans son domicile de la rue de Villecresnes (aujourd’hui rue René Coty) le 14 novembre 1915.
Quand Rothmann est-il venu s’installer à Yerres ? Voilà ce que nous disent les Archives des divers états-civils. L’officier est donc décédé à Yerres le 14 novembre 1915, déclaré veuf de Cécile Biard. Les recensements de 1906 ne nous donnent aucune indication sur sa présence à Yerres à cette date, en revanche il figure sur celui de 1911 en compagnie de son épouse Cécile Biard. Cette dernière est décédée à Yerres le 24 avril 1912. C’est donc une indication que le couple s’est installé dans notre ville entre 1906 et 1911 et que, par conséquent, les aquarelles doivent être datées de l’intervalle de temps 1906-1915 sauf, peut-être, séjours antérieurs à Yerres sans y avoir habité, ce qui semble possible !
Le couple a eu une fille, Louise Claudine Rothmann, qui va épouser Henri Dupont-Vernon (comédien, couramment appelé Henri Dupont). Ils auront une fille, Marie Cécile, qui épousera à Yerres le 4 juin 1917 maître Édouard Tercinet, brillant homme politique et avocat résidant également à Yerres, mais ayant son cabinet à Paris. De ce mariage naîtra Noël Tercinet, père de Mme Guilment qui nous a transmis les aquarelles de son aïeul et qui nous a permis de réaliser cette exposition.
Qu’elle en soit remerciée ainsi que son mari.
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M. Rothmann et sa famille
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Références :
1. L’École polytechnique est une école militaire dont la majorité des élèves sert ensuite dans l’artillerie et le génie.
2. Le
3e génie a fourni une compagnie.
3. En termes de pouvoir d’achat, environ 15 000 euros d’aujourd’hui.