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Poèmes écrits par des Poilus

Textes de Henri Edmond Bachelet et de Maurice Gossiôme
Sonneries des Zeppelins
pour les badauds
Le garde-à-vous

Ohé les Parigots
N’manquez pas le coche
V’nez voir les zeppelins boches
Ils sont là-haut.
La berloque

Badauds, rentrez dans vos pénates
Les Boches se sont tirés des pattes
En attendant que nos avions
Leur flanqu’ un coup de torchon.
À quand ?

Quand luira-t-il le jour de fête
Où nous verrons l’affreux Germain
Ce détrousseur de grand chemin
Prendre la poudre d’escampette !

Oui, morbleu, quand donc sonnera
Sur les pendules et les montres
Que nous ont volées ces monstres,
L’heure enfin du bon débarras.
Sonneries des Zeppelins
pour les prudents
Le garde-à-vous

Ouvrez l’œil, Parisiens,
V’là les Zeppelins
Fermez tout, n’ bougez plus
Gare aux obus
La berloque

Vous pouvez sortir de vos caves
Et vous renfiler dans vos pieux
Dormez en paix comme des braves
L’Boche a vidé les lieux
Joffre

Honneur au Généralissime
Saluons en lui le Grand Chef
Dont le mâle et puissant relief
Nous dit la vigueur qui l’anime.

L’œil est pénétrant, résolu
Le menton carré, volontaire
Et l’homme est un beau caractère
Dans le sens le plus absolu

Organisateur remarquable
Intrépide autant que prudent
Il garde un sang-froid surprenant
Devant la tâche qui l’accable.

Quel rôle écrasant, quel labeur
Quelle œuvre immense et grandiose
Et pour lui quelle apothéose
Le jour qu’il reviendra vainqueur.
Le jour de gloire

Leur jour de gloire est arrivé
Aux héros qui dans la bataille
Bravant le canon, la mitraille
Par leur valeur nous ont sauvés.

Sous l’Arc Triomphal de l’Étoile
Heureux et fiers ils ont passé
Devant tout un peuple empressé
Dont maints yeux de larmes se voilent.

Rendons aussi gloire à nos morts
Surtout que leur fin rédemptrice
Ne devienne un vain sacrifice
Que leur repos soit sans remords.
Les Poilus

C’est de ce nom que l’on désigne
Même sans un poil au menton
Nos chers troupiers, qui sur le front,
Savent si bien s’en rendre dignes !

Des vieux grognards, les bons poilus
Sont la jeune et vaillante image
Rien ne résiste à leur courage,
À vaincre, ils sont tous résolus

Et narguant la mort, on peut dire
Qu’ils sont toujours gais nos soldats.
Pendant le repos des combats,
Ce n’est partout que joyeux rires.
Obus et Abus

Krupp, le grand fondeur de canons
A volé sa chère Allemagne
En lui fabriquant à foison
Des tas, des monceaux, de montagnes
De bombes et de munitions
Qui chez nous lui vaudrait le bagne.

Car beaucoup de ces obus
Ont le bon esprit, la décence
De ne pas éclater au but.
Alors en pareille occurrence
C’est donc aussi bien des obus
Que des abus de confiance !!

Ces ratés nous sont un atout
Qui démontre en toute évidence
Que leur Krupp est un vrai filou.
Le tricot du combattant

Dans les châteaux, dans les chaumières,
Les fillettes jusqu’aux grands-mères
Servent la France en tricotant
Pour nos soldats, nos combattants.

De leurs doigts fins, simples, habiles
Sortent pour aller sur le front
Chandails, gants, gilets et plastrons
Qui là-bas seront très utiles.

De son côté, notre pioupiou
Fait du tricot à sa manière
En transperçant de boutonnières
Les flancs des Boches qu’il descend.
Sublime

Gendres et belles-mères
Malgré le temps présent
Se font maintes misères
Tout comme auparavant.

Un gendre, la victime
Dont il s’agit ici
Eut un geste sublime
Et peu banal aussi :

Voulant fuir sa mégère
Et ne plus voir ses traits
Il partit pour la guerre
Afin d’avoir la paix.
Retour

Enfin ! après trois ans d’absence,
Trois siècles, nous voici rentrés
Au foyer, qu’en notre malchance
Les obus avaient éventré.

Rétablie de ses blessures
Remise à neuf, notre maison
N’a plus l’aspect d’une masure
Elle a bon air, bonne façon !

En quel triste état la tourmente
Nous a laissé le mobilier.
Mais quoi ! Faut-il qu’on se lamente
Quand nos poilus eux sont entiers !

Bien que transpercé par les balles,
Nous gardons notre numéro
Comme un vestige des vandales,
En souvenir de nos bourreaux.
Rosalie

C’est le nom qu’à la baïonnette
Ont donné nos braves soldats
Et dont le Prussien, oui da !
A tant la frousse et la venette.

D’un beau profil net, élégant
Élancée, fine et jolie,
C’est un vrai bijou, Rosalie
Son aspect est fort séduisant.

Vive, alerte, elle vire et volte
Sans cesse en l’air, en mouvement
Et se trémousse allègrement
De façon presque désinvolte.

Rosalie a pour le poilu
Une amitié particulière
Et prête à son ardeur guerrière
Le concours le plus absolu.

Ainsi dans sa haine du Boche
Quand par hasard, sur son chemin,
Rosalie voit ces gredins,
C’est sans pitié qu’elle en embroche.
Le Belge

Le Belge est brave savez-vous !
L’Allemand en sait quelque chose
C’est bien sa faute et pour cause
S’il en subit le contre coup.

Trop confiant dans la victoire
Il ne prévit pas son courroux
En vidant son territoire.
Le Belge est brave savez-vous !

Et sublime fait de son courage
Quand assailli par ces filous
Il s’opposait à leur passage.
Le Belge est brave savez-vous !

Il met son honneur à défendre
Ses libertés par dessus tout.
Malheur à qui voudrait lui prendre.
Le Belge est brave savez-vous !

Il préfère au vieil esclavage
Objet de son profond dégoût
La ruine ou la mort en partage.
Le Belge est brave savez-vous !

Il s’est donc fourvoyé le Boche
En croyant ce peuple abattu
Car aussi ferme que la roche
Le Belge, il est brave, sais-tu !
L’Anglais

L’Anglais, même à la guerre,
Bien frais, bichonné,
Astiqué, pomponné,
Cherche toujours à plaire
Aussi fait-il florès
Oh Yes !

Au feu dans la bataille
A voir son brave sang froid
On le croirait de bois
Jusque sous la mitraille
Il mérite un vivat !
All right !

Mais sous cette apparence,
Proclamons le bien haut,
Il cache un cœur très chaud
Et grande est sa vaillance
C’est quelqu’un ce quidam
Goddam !

Oui pour le bien connaître
L’estimer à son prix
Il fallait le conflit
Que Guillaume a fait naître
À l’Anglais donc honneur
For Ever !
À l’Amérique

Ne tarde plus encore, grand peuple américain
Il est temps de nous dire où va ta préférence.
Est-ce vers les enfants gaulois ou du Hun,
Est-ce vers l’Allemagne ou bien vers notre France ?

Le Burgrave est toujours dans l’âme du Germain
D’un sang vif et barbare il tire sa naissance
L’Humanité pour lui n’est qu’un mot et demain
Ce mot n’existe plus s’il obtient la puissance.

Peuple civilisé, ne sois plus incertain.
Viens secourir le Droit, l’Honneur et la vaillance
Qui chez les Alliés se sont donnés la main,

Et ne fais pas périr par ton indifférence
Qui serait une tache aux yeux du genre humain
La Nation à qui tu dois ton Indépendance.
MAI 1915

Sois le bienvenu, mois des fleurs,
Mois de plaisir et d’allégresse.
Tu vas en ces temps de tristesse
Avoir à tarir bien des pleurs.

Remets la gaité dans les Cœurs
Aux soldats montre la hardiesse !
O mois d’amour et de Tendresse
De grâce adoucit nos malheurs.

Muguet, aux clochettes légères,
Carillonne après les combats
À la gloire de nos soldats.

Vous ornerez fleurs printanières
Les belles demeures dernières
De ceux qui sont tombés là-bas.
Les Vieux

Il oubliait son père, sa mère,
Jadis, quand il était chez eux !
Mais, depuis qu’il est à la guerre,
Le riche aussi bien que les pauvres
Pense à ses Vieux !

Il sait bien que sa mère se désole
Chaque fois qu’elle pense à son fils
Il écrit cependant qu’il rigole,
Mais çà, ils ne le croient pas que çà ce peut,
Les pauvres Vieux !

Le lit du Poilu c’est la paille,
Les draps, un couvre pied crasseux,
La soupe est pour lui ripaille,
Dans son sommeil, il est joyeux,
Il rêve aux Vieux !

Quand vient l’heure de la baïonnette,
Qu’il doit marcher contre les gueux
Voyant si son âme est bien nette,
Il élève son cœur vers les Cieux
Et pense aux Vieux !

Puis, en avant ! Sus aux canailles,
Fuyez Barbares, Boches hideux !
Mais l’enfant tombe sous la mitraille
Et dit : C’est pour la France ! Adieu !
Adieu les Vieux !